Avec son quartet Open Land, Bruno Angelini délivrait sur un premier disque, Instant Sharings (La Buissonne, 2015), une musique paisible et sereine, d’une grande intensité, qui prend le temps de s’épanouir et de monter en tension. Jeux d’archets, grande profondeur pour la contrebasse de Claude Tchamitchian, violons acoustique et électrique, lyrisme et climats oniriques de Régis Huby ; liberté, architectures sonores du percussionniste Edward Perraud, participent de cette quête de beauté infinitésimale, qui assemblée fait une somme plébiscitée par le public, saluée par la presse.
Fort de nouvelles compositions écrites sur mesure pour cet ensemble créatif et chambriste, formé en 2014 à l’occasion d’une carte blanche confiée par L’improviste, à Paris, Bruno Angelini invente de nouvelles formes de conversation et donne une suite intense à Instant Sharings.
“Ce qui me revient avec insistance, quand je repense à notre séance d’enregistrement à La Buissonne, c’est qu’il y a eu beaucoup, beaucoup d’intensité et d’émotion” se souvient Angelini. “En jouant, en écoutant les prises ; pour moi, pour Régis, Claude, Edward, Gérard de Haro et même pour ceux qui passaient par là pour nous saluer et écouter quelques extraits.”
De retour de ces séances qui ont eu lieu dans le havre de paix de La Buissonne, à Pernes-les-Fontaines en juin 2017, Bruno Angelini dit avoir éprouvé une “une grande sérénité joyeuse”. Elle est pour le moins communicative à l’écoute de ce disque.
“Est-ce dû au répertoire, aux morceaux dédiés à des musiciens merveilleux tels que John Taylor ou encore mon grand ami Max Suffrin, qui nous ont portés un peu au-delà de notre musique, je ne sais pas…. cela me plait de le sentir encore, quand j’écoute le disque et je m’en souviendrai longtemps. J’en suis d’autant plus heureux que, ce disque était un pari un peu risqué , dans le sens où il faisait suite à Instant Sharings dont nous étions déjà très heureux et dont l’histoire n’était pas du tout la même.”
De fait, Instant Sharings était le fruit spontané d’une rencontre inédite sur scène, pour laquelle Bruno Angelini avait utilisé des morceaux et des arrangements déjà existants. Après ce premier disque très improvisé et quelques concerts au cours desquels le groupe a évolué toujours positivement, se sont dégagés avec force un constat et une envie, pour Bruno Angelini : d’une part l’impression d’avoir enfin un outil idéal – ce superbe groupe – pour concrétiser un espace de travail réunissant toutes ses expériences, issues de très nombreuses collaborations (de Kenny Wheeler à Giovanni Falzone en passant par Ramon Lopez ou Christophe Marguet) ; d’autre part, l’envie d’écrire expressément pour ce groupe, pour les possibilités qui s’offraient en terme de couleurs, de rigueur chambriste, de liberté, d’explorations rythmiques, de climats harmoniques… avec, cette fois ci, le temps et les moyens de répéter et donc de créer un univers encore plus singulier.
“C’est ainsi qu’ Open Land a vu le jour” conclut Angelini. “Avec des morceaux inspirés par notre ensemble ; joués, transformés, magnifiés, je l’espère, par notre ensemble…”.