Dès son plus jeune âge, Bruno Angelini est attiré par les créateurs de climats, par ceux dont les notes pèsent de leur rareté, de la qualité de leur son, de l’émotion qu’elles suscitent: Claude Debussy, Erik Satie, Sergueï Prokofiev, Aram Kachaturian pour la musique classique ; Miles Davis, Duke Ellington, Horace Parlan, Wayne Shorter, pour le jazz.
Ces inclinaisons se confirmeront plus tard par une rencontre déterminante avec un pédagogue hors norme : Samy Abenaïm.
C’est sous l’impulsion de ce dernier que Bruno Angelini apprend à approfondir et à structurer son travail, ses recherches, avec comme mots d’ordre permanents : Ecouter les sons, les accords, les résonances avec la plus grande des intensités. Ne jouer que des sons, des notes intentionnellement choisis en lien avec la préalable écoute. Comprendre, assimiler les langages du jazz, de la musique classique et contemporaine et s’en servir pour inventer et réinventer sans cesse le sien.
Pendant et après cette période de formation, Bruno Angelini n’a eu de cesse d’orienter son travail afin de singulariser son jeu et de développer sa personnalité. Il a cherché à apprendre en conscience, en profondeur, pour mieux oublier par la suite, se plonger dans l’écoute, mettre en avant l’instinct sur scène et y produire au maximum des gestes musicaux inconscients.
Sa réflexion sera régulièrement nourrie par les nombreux musiciens qu’il a rencontré, et par l’observation du travail des grands maîtres du jazz, et de la musique contemporaine :
– Paul Bley occupe un place particulière dans l’univers du pianiste,ouvrant un nouveau champs des possibles: la modernité par l’espace, par le lyrisme brut, par la mélodie devenant une éternelle surprise.
-Duke Ellington et Ran Blake lui sont essentiels aussi , garants d’une autre modernité, plus tellurique, d’une capacité à créer des climats à l’aide d’un univers harmonique très personnel et d’une vision orchestrale du piano.
-Puis s’est imposée l’importance du rôle de l’harmonie pour élargir son environnement, étayer son langage, développer son chant intérieur : Bruno Angelini y trouvera un écho particulier chez des musiciens tels que Richie Beirach pour son exploration du chromatisme ; Bill Carrothers pour son univers utilisant les modes issus des gammes majeures harmoniques, double harmoniques ; Herbie Hancock, John Taylor, Keith Jarrett pour leur art d’utiliser l’héritage harmonique Européen combiné à celui du jazz Afro-Américain.
Au fil des années, le patrimoine musical Européen a pris une place de plus en plus grande dans ses recherches. L’étude des œuvres de Claude Debussy, Sergueï Prokofiev de ses jeunes années sera bientôt complétée par celle d’ Igor Stravinsky, d’Olivier Messiaen et d’ Henri Dutilleux.
Le développement d’un travail et d’une culture rythmique a été omniprésent tout au long de son parcours. L’expression rythmique sans laquelle le geste musical, l’expression mélodique n’existent pas, sera régulièrement alimentée par l’observation du drive exceptionnel d’Herbie Hancock, de Keith Jarrett, de John Coltrane, d’Eddy Louiss, des recherches de Dave Holland, puis ensuite de celles de Stéphane Payen et de Benoit Delbecq.
Les rencontres sur scène avec des musiciens aussi différents que Kenny Wheeler, Ramon Lopez, Marc Ducret, Jean Jacques Avenel, Moriba Koïta, et bien d’autres, furent déterminantes. Elles lui ont permis de ressentir à quel point la force des propositions musicales est liée à la personnalité de ceux qui les émettent. Elles ont mis en évidence également la nécessité pour un artiste d’assumer pleinement sa prise de parole, et paradoxalement sa fragilité. Enfin, il est convaincu que cette force, lorsqu’on joue sur scène est avant tout liée à la quasi absence de volonté : seule devrait exister celle de s’inscrire dans un cycle instinctif éternellement renouvelable : « écoute des autres, prise de décision, geste musical et partage »
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